web-relics-procession-saint-therese-corinne-simonciric

Les reliques suscitent encore aujourd’hui beaucoup d’intérêt : preuve en est la fréquence de leurs voyages qui attirent les pèlerins en masse. Retour sur une forme de piété populaire qui ne s’est jamais démodée.

Reliques, du latin relictum, signifie les restes, ossements ou cendres de personnes saintes, ainsi que des objets qui leur ont appartenu. Que ce soit les reliques de François Xavier, Thérèse de Lisieux, sœur Faustine, frère André, Jean-Paul II, les fidèles se déplacent en nombre dans les églises pour les vénérer. Comment se fait-il que les reliques de ces personnages du passé attirent encore des foules aujourd’hui ? On aurait pu penser que dans notre milieu « postmoderne » et fortement sécularisé, ce culte des reliques était dépassé. Cette forme de piété populaire n’est-elle pas proche de la superstition, du fétichisme ? Pour y voir plus clair, voici quelques éléments qui relèvent de l’anthropologie, de l’histoire, de la théologie et de la spiritualité.

Des modèles près de nous

Tout commence avec le culte des morts qui est une caractéristique décisive de notre humanité. Du plus loin que l’on remonte dans l’histoire, les hommes préhistoriques ont enterré leurs morts avec respect. Encore aujourd’hui nous allons parfois au cimetière pour prier sur la tombe de nos proches. On conserve une image d’un parent, un portrait d’un ami, gardant ainsi vivant le souvenir. C’est une manière d’exprimer notre amour envers des êtres qui nous sont chers.

Cet amour se manifeste aussi envers les stars. Par exemple, des « fans » se rassemblent aux tombes de vedettes rock comme Elvis Presley, Jim Morrison, John Lennon, Johnny Hallyday, ou d’autres, comme si dans nos sociétés il y avait un transfert des saints au stars. Et pourtant, il y a toute une différence : la star brille, le saint éclaire. Sa lumière ne vient pas de lui, mais du Christ ressuscité. Les gens qui se rassemblent pour vénérer la relique d’un saint ou d’une sainte prient devant le corps d’une personne dont sa vie a été un modèle pour eux et que son corps, promis à la résurrection, a été rempli du Saint-Esprit.

Le philosophe et savant Blaise Pascal écrivait en septembre 1656 : « C’est une vérité que le Saint-Esprit repose invisiblement dans les reliques de ceux qui sont morts dans la grâce de Dieu, jusqu’à ce qu’il y paraisse visiblement en la résurrection, et c’est ce qui rend les reliques des saints si dignes de vénération. Car Dieu n’abandonne jamais les siens et non pas même dans le sépulcre où leurs corps, quoique morts aux yeux des hommes, sont plus vivants devant Dieu ».

La foi chrétienne n’est pas désincarnée. Elle se situe dans une histoire et a besoin de médiations, de signes concrets et de modèles qui parlent aux fidèles. Ils ont besoin de voir, de toucher, de se recueillir, d’exprimer leur amour pour tel témoin qu’ils sentent proche de leurs préoccupations. Vénérer des reliques, c’est se rapprocher du saint qui intercède pour nous, lui avouer notre amour, louer l’action de Dieu en lui. Ce témoin est présent d’une façon unique par l’ADN des restes de son corps qui a aimé, chanté, cherché, désiré, écrit, pleuré, prié, travaillé, souffert par amour, à la suite du Christ.